ISRAEL KOSCHITZKY BEIT MIDRASH VIRTUEL(BMV)

INTRODUCTION A LA PENSEE DU RAV KOOK

par Rav Hillel Rachmani

Cours # 4: L'essence du sacré et du profane

Le Rambam, dans son introduction à la Masechet Avot, le Shemoneh Perakim, exprime l'approche Juive classique du "profane" . L'homme a l'aptitude de sanctifier tous les aspects de la vie. Par exemple, si l’on mange c’est pour avoir la force d’étudier la Torah, l'acte de manger peut devenir un effort spirituel. Si, cependant, on mange uniquement pour manger, alors l'acte reste dépourvu d’un contenu religieux.

Le Rav Kook, par contre, introduit une approche révolutionnaire du profane. Comme nous l’avons développé dans le précédent cours, le Rav Kook disait que bien que le profane paraît manquer la spiritualité inhérente, ses fondements sont, en fait, enracinés profondément dans la sainteté. Dans un passage figurant dans "Arpelei Tohar", le Rav Kook contraste cette idée - qu'il désigne par "la vision pure"- avec la vue de ceux qui manquent de cette perspicacité - ces gens "de petite foi".

Il écrit:

« Que signifie 'petite foi', il semble, que des hommes - désireux d’affirmer leurs positions idéologiques - bataille contre tout le soi-disant 'mal' qui survient dans le monde: La connaissance scientifique, l’héroïsme, la beauté ...; tous ce qui est en dehors du Divin dans le monde. Et c’est avec un oeil envieux que certains hommes, qui pensent qu’ils ont compris les fondements de la sainteté, dans un royaume qui transcende le développement terrestre, détestent la culture, les sciences, et l'arène politique - dans la nation Juive et dans le monde en général.

Mais c'est une erreur grave, et ils montrent un manque de foi. La' vue pure ' voit l'apparition de Dieu dans tout progrès terrestre. Aussi bien l’individuel que le collectif , le spirituel et le matériel. .. Tout fait partie de la création de Dieu. 'Le monde n'a pas été créé pour le néant - il a été formé afin qu’il soit inhabité. »

Selon cette approche, nous sommes capables de sanctifier le profane en découvrant la spiritualité qui se cache en lui. Une telle vision peut permettre une nouvelle compréhension de lamishna du Pirkei Avot (3:9): ". Rabbi Shimon disait : « Alors que celui qui marche sur une route en étudiant, et interrompt son étude et remarque que cet arbre est beau! ' ou que ce champ est beau! '- cet homme a condamné son âme. »

L'approche classique comprend cette transgression sur un niveau superficiel - cet homme abandonnait le royaume du sacré pour le royaume du profane. Mais la "vue pure" prends un sens plus profond. Quelle était la transgression de cet homme? Qu'il voyait l'arbre comme une interruption de son expérience de sainteté! Cet homme perdait la vue intérieure spirituelle intrinsèque tandis qu’il ne contemplait que la beauté externe de l'arbre.

De plus, non seulement le profane contient une sainteté innée, mais sa contribution est essentielle pour atteindre le potentiel maximum de la sainteté. La sainteté peut exprimer sa vraie essence seulement par l'intégration du profane.

Peut-être nous pouvons illustrer cette idée en utilisant les concepts de pensée et de littérature. Le discours n'est pas simplement un moyen pour l’homme de communiquer ses pensées - il fournit la pensée avec les outils nécessaires pour penser! Sans le canevas des mots et des définitions que sont ces réserves linguistiques, la pensée de l'homme ne peut pas organiser des idées correctement. Un homme élevé dans la jungle ne peut pas développer des idées complexes; il est incapable à développer son esprit parce que sa terminologie est limitée. Le même cas s’applique à la sainteté. Par lui-même, il est enfermé dans une pièce étroite, seulement quand il rencontre le profane, d’une façon correcte, sa lumière peut rayonner.

En référence au royaume d'éthique, le Rav Kook écrit dans "Ma'amarei Ha-Reiya " (page 41) que s’efforçer à faire une société plus morale et améliorer la qualité de vie sont actes de Dieu, même quand ils sont à l’origine de « laïcs ». Mêmes ceux qui nient l'existence de Dieu, tandis qu’en ignorant complètement la signification de leurs actions, ils sont dans la vérité en accomplissant l'ordre de Dieu.

Toute amélioration de la société est positive aux yeux de Dieu. On peut prendre la technologie à titre d'exemple. L'homme est maudit dans Bereishit (2:19 ): « Par la sueur de ton front vous mangerez le pain. ». Le monde moderne surmonte cette malédiction. Les machines ont remplacé le travail et le labeur du passé. Et à la racine de tous ces développements se cache une étincelle sacrée.

Nous avons doucement glisser de la perception du fait que le profane et le sacré sont séparés vers une compréhension du fait que les deux ne sont pas si différents. A ce point, nous nous demandons en quoi ils diffèrent.

Dans un ouvrage en quatre volumes intitullé "Orot HaKodesh" ("Lumières de Sainteté") le Rav Kook expose ses pensées concernant la sainteté. Nous prendrons son premier essai, qui traite de la sagesse. Cela nous donnera la possibilité de comprendre ce qui est 'saint' et ce qui ne l’est pas.

le Rav Kook écrit:

« La sagesse du sacré est au niveau le plus haut que tous les autres aspects de sagesse en ce sous, qu'il transforme la volonté et la disposition personnelle de ceux qui la poursuivent, en les attirant vers ces hauteurs élevées sur lesquelles son souci est concentré. Toutes les voies de la sagesse terrestre, quoique ils décrivent des sujets nobles et importants, manquent ce but, d’attirer la nature de la personne qui les explore à leur niveau de valeur propre. Effectivement, elles n’établissent pas un rapport aux autres aspects de nature de la personne, seulement à ses dimensions scientifiques. »

L'étude profane développe l'esprit, mais l'étude de la Torah agit sur l'âme également. Comment cela s’accompli -t-il ? Le Rav Kook continue: "

« La raison est que tous les aspects du sacré émanent de la source ultime de la vie, et le contenu de ce qui est sanctifié a le pouvoir de renouvellement,'Pour arracher des cieux et poser les fondations sur la terre' (Isaïe 51:16), et certainement pour marquer d’une spectaculaire nouvelle image la personne qui recherche le sacré. Les sciences profanes manquent de cette puissance; elles n’engendrent rien, d’eux-mêmes de nouveau. Elles décrivent seulement ce qui se trouve dans l'existence. Ainsi elles ne peuvent pas changer celui qui étudie en un nouvel être, le déconnecter d'une inclination néfaste de son comportement et fondamentalement d’en faire un nouveau type de personne, pure qui vibre à la lumière de ce qui vrai et respectant la vie. »

Lentement, nous apréhendons la compréhension du Rav Kook de la sainteté qui est très profonde, et très large. La sainteté doit être trouvée au coeur de l'existence. Autrement dit, le Rav Kook ne regarde pas "au-dessus," ou le "tout à fait autre" pour la sainteté, plutôt, il regarde vers l’intérieur, vers la source, tout comme un regards sur lui-même pour le "Je" - le profonds et intimes. En cela , le profane est celui qui est éloigné, celui qui a perdu son attachement et brisé ses liens avec sa propre intériorité, avec la source.

Cette conference a ete préparée par:Boaz Mori

Traduction & adaptation française par:Dan Klajmic

Cette page est maintenue par Dan Klajmic, Derni&egravere mise à jour le 29 Janvier 1997

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