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TOLEDOTH

ITZHAK LA FORCE TRANQIIILLE

Le second des Patriarches est assurément un "juste caché" ("tsadik
nisstar"), un homme secret, presque timide, qui refuse d'apparaître
à
l'avant-scène de l'Histoire, mais qui, grâce à sa
simplicité et son
étonnante opiniâtreté, parvient à provoquer des
profonds
bouleversements positifs dans le cours de cette même Histoire.

Itzhak est avant tout l'homme du silence: celui qui parle peu, mais qui
préfère agir pour le bien de son prochain et celui de
l'humanité. Et pour
agir au mieux, il sait puiser dans ses ressources morales et spirituelles.
Bien qu'il soit le digne descendant et héritier d'Abraham, il a su se
distinguer par sa propre personnalité.

Ainsi, lorsque la famine s'étend sur toute la terre d'Israël,
Abraham
décide de quitter provisoirement la région pour s'installer
en Egypte. Mais
lorsqu'une famine semblable - et même bien plus intense encore - vient se
greffer à la première, Itzhak, sur ordre divin. demeure en
Terre Sainte:
"Ne descends pas en Egypte, fixe ta demeure dans le pays que je te
désignerai'' (Genèse, XXVI, 2).

Rachi explique le motif de cet ordre divin: "Tu ne peux descendre en
Egypte car tu es [toi-même] une offrande entièrement
consacrée à Dieu.
De même que tout sacrifice ne peut sortir de l'enceinte du Temple, toi,
Itzhak tu ne peux quitter la terre d'Israël car les autres pays ne sont pas
dignes de toi". D'une certaine manière, nous pourrions affirmer que
l'intégrité d'ltzhak était même plus haute que
celle de son père Abraham,
lequel pouvait se permettre de quitter provisoirement la Terre promise sans
que sa personnalité ne s'en trouve affectée. Or la relation
entre Itzhak et la
terre d'Israël est autrement plus mtense et profonde. Les Sages
passés
maîtres dans l'interprétation allusive (en hébreu: le
remez) ont même vu
dans le nom d'Itzhak, un acrostiche des différents noms de la terre
d'Israël
(Israël, Zwi, Hemda, Kedocha).

Voilà pourquoi, même en cas de grave famine, il est hors de
question
qu'il quitte cette terre. A défaut, Itzhak peut se suffire d'un exil
intérieur
auprès d'Avimelech, le roi des Philistins installé à
Guérar, dans une région
qui se situe à l'intérieur des frontières d'Eretz
Israël, même si elle est
provisoirement sous souveraineté étrangère.

Dieu intime donc à Itzhak l'ordre d'habiter sur la terre
d'Israël: "Réside
[Shekhon] dans cette terre". D'après le Midrach Rabba, le terme
hébreu
"Shekhon" utilisé ici signifie: "crée des résidences".

Il s'avère par ailleurs que Itzhak est bel et bien un agriculteur de
renom:
"Itzhak sema dans ce pays-là et recueillit, cette même
année, au centuple,
et Dieu le bénit" (ibid, 12). En d'autres termes, sa récolte
fut cent fois plus
importante que celle des agriculteurs voisins. Le travail agricole raffermit
le lien unissant l'agriculteur à sa terre de manière beaucoup
plus intense
que la pratique de l'élevage qui peut toujours être
liée à une certaine forme
de nomadisme. A l'inverse, celui qui plante sur la terre d'Israël,
associe ses
propres racines personnelles à cette terre.

Itzhak se révèle donc être un homme d'une grande
puissance. A tel
point que les Philistins en viennent à le jalouser (ibid, 13-14). Au lieu de
s'incliner face aux efforts sincères d'Itzhak, ces mêmes
Philistins se
considèrent - et c'est une habitude millénaire ! - comme les
maîtres de cette
terre. Pourtant force est de constater que la terre d'Israël rejette
par elle-
même ce prétendu lien d'appropnation que brandit au cours des
siècles la
peuplade philistine. Mais par contre, lorsque Itzhak plante, la terre lui
répond généreusement, Face à ces succès
"naturels" de Itzhak, la jalousie
des Philistins en vient même à être destructrice: "Les
Philistins
comblèrent les puits creusés par Abraham et les remplirent de
terre",
(ibid, 15). Ce faisant, ils ne réalisent pas à quel point ils
se détruisent eux-
mêmes. Mais leur désir d'effacé tout souvenir d'Abraham
est plus fort que
tout .

Ne pouvant supporter la réussite agricole d'Itzhak, Avimelech lui dit:
"Va-t'en de chez nous, car tu es trop puissant pour nous" (ibid, 16). Au
lieu de reconnaître la force d'Itzhak, de profiter de sa bonté
et de créer des
liens de bon voisinage avec lui, ils préfèrent l'expulser. Et
si Itzhak se
laisse faire, c'est surtout parce qu'il a d'autres projets. C'est pourquoi,
dit le
texte biblique: "Il partit de là-bas et s'installa dans la
vallée de Guérar,
et y résida" (ibid, 17) .

Or, cet apparent "recul" ne signifie pas qu'Itzhak est un défaitiste et
désespère d'accomplir l'ordre divin de créer des
résidences et des vlllages
en terre d'Israël. C'est pourquoi il poursuit sa mission de
construction: une
fois installé dans son nouveau site, il se remit donc à
creuser les puits d'eau
déjà forés par son père et comblés par
les Philistins, et il leur redonna leurs
noms d'origine.

Itzhak ne désespère jamais: il est l'authentique continuateur
d'Abraham. Ne se satisfaisant pas de recréer le passé, il va
aussi de l'avant:
"Les serviteurs d'ltzhak creusèrent dans la vallée et ils
découvrirent une
source d'eau vive". Continuant à creuser par lui-même, il
poursuit une
oeuvre civilisatrice qui est loin de plaire aux résidents de ces
régions: "Les
pâtres de Guérar cherchèrent querelle à ceux de
Itzhak en disant: 'L'eau
est à nous '. . . " (ibid, 20) .

Evidemment, eux aussi revendiquent tout, y compris ce qui a
été réalisé
par les autres ! Ne pensant plus détruire le travail d'Itzhak
après avoir
constaté que ce serait là une chose vaine puisque ce dernier
est, à bon
escient, fort "entêté", les Philistins adoptent alors une
autre stratégie en
prétendant que tout est à eux. Mais, encore une fois, ils en
seront pour
leurs frais. Avant de poursuivre son bonhomme de chemin, Itzhak, loin
d'être troublé par cet incident, donnera à ce puits le
nom d'Esek (en hébreu
: contestation) en souvenir, justement, de la dispute avec les Philistins.

Ce peuple a en fait une seule et unique vocation: celle de contester tout
ce qu'Israël construit et réalise ! S'il faut certes en tenir
compte, il est
surtout indispensable de ne pas se laisser impressionner par ce toupet sans
nom. Il nous faut tranquillement poursuivre notre mission: "lls creusèrent
un nouveau puits et se disputèrent également à son
sujet" (ibid, 21).

Ces gens-là sont eux aussi têtus, mais Itzhak l'est encore
plus. Ainsi, les
Philistins en deviennent-ils frustrés parce qu'ils ne parviennent
finalement
pas à pousser Itzhak dans une dispute violente. Alors se
dévoilent leurs
véritables :intentions, c'est pourquoi Itzhak nomme ce puits "Sitna" (en
hébreu - haine).

Cette dispute n'est pas de leur part une simple contestation, ni un conflit
passager, nais elle repose plutôt sur la profonde haine qui les
habite contre
Israël. Mais face à cela, Itzhak poursuit sagement son chemin:
"Il alla de
là-bas et creusa un nouveau puits, et ils ne se disputèrent
plus à son
sujet" (ibid, 22).

Ce sont donc les Philistins qui se sont fatigués les premiers et qui se
sont finalement inclinés devant l'obstination tranquille de notre second
patriarche. Itzhak appela quant à lui ce puits "Rehovot", ce qui
signifie en
hébreu "largesse", et dit: "Pour le coup le Seigneur nous a
élargis, et
nous fructifierons sur la terre" (ibid, 22).
Cette force tranquille qui émane d'Itzhak a donc vaincu sans dispute.
C'est alors que Dieu se révèle à nouveau a lui: "Et
l'Eternel se révéla à
lui, cette même nuit, en disant: 'Je suis le Dieu d'Abraham ton
père; sois
sans crainte car Je suis avec toi, Je te bénirai et Je multiplierai ta
postérité, à cause d'Abraham, Mon serviteur ' (ibid, 24).

Itzhak célèbre alors l'évenement: "Il érigea en
ce lieu un autel,
invoqua le nom de l'Eternel et y dressa sa tente" (ibid, 25). Les serviteurs
d'Itzhak y creusèrent même un puits. Et tout à coup, une
visite inattendue:
"Avimelech alla chez lui de Guérar avec un groupe de ses amis et Pikol,
son général d'armée" (ibid, 26).

Itzhak leur dit alors: "Pourquoi venez-vous vers moi, alors que vous
m'avez chassé de chez vous ?" (ibid, 27). Apparemment, ils viennent donc
sans mauvaise intention. Que s'est-il donc passé ? Et ils lui
répondirent en
substance: "C'est que Dieu est avec toi. Faisons donc une alliance !"

lls ont alors saisi que Dieu pouvait aussi se révéler
grâce à cette forme
de comportement obstiné par rapport aux affaires terrestres, et pas
uniquement par le surnaturel: "Et nous ferons un pacte avec toi, que tu
t'abstiendras de nous nuire, de même que nous en avons toujours bien
usé avec toi et que nous t'avons renvoyé en paix" (ibid, 29).

Le véritable enseignement que nous devons à notre
ancêtre Itzhak, c'est
bien son obstination à construire coûte que coûte en
terre d'Israël. A l'heure
où, une fois de plus, nous sommes indubitablement confrontés
à de graves
problèmes sur notre terre, il ne faut en aucun cas s'affoler, ni
même
reculer. Au contraire: il faut regarder droit devant soi et aller toujours de
l'avant !