Parasha chofetim 5766

Chabbath 26 août 2006 — 2 Eloul 5766 - Début : de 18 h 56 à 19 h 22 à 19h 37 - Fin : 21 h 17
publié le vendredi 25 août 2006
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Lecture de la Torah : Deutéronome XVI, 18 - XXI, 9 : lois d’ordre judiciaire et politique ; lois militaires. HAPHTARAH : (4ème des « consolation ») : ISAIE LI, 12 - LII, 12 : Les souffrances d’ISRAEL et son avenir glorieux.

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Commentaire de la Torah :

L’entrée du peuple d’Israël en Terre Sainte prévoit l’organisation d’un système de justice, tout comme l’avait déjà envisagé MOISE dans le désert, sur le conseil de son beau-père YTHRO (Exode XVIII, 19-26). Pour toute société, et le peuple juif n’échappe guère à la règle, il est indispensable de mettre en place une justice bien établie. Cela fait d’ailleurs partie des sept lois noachides applicables à touts les peuples de la terre. Ce sera donc là l’objet du début de notre sidra, à partir de laquelle ont été élaborés de très nombreux traités du Talmud en référence à cette question fondamentale qu’est la JUSTICE.

Après cette brève introduction, nous comprenons mieux le sens des prescriptions édictées dans notre sidra. Elle nous indique en effet quelles seront les autorités composant la direction du pays : le roi, le tribunal suprême et le grand-prêtre. L’appareil judiciaire aura notamment à statuer en matière de jurisprudence civile, pénale et criminelle, mais il aura également pour fonction de traiter de questions de théologie, de pratiques religieuses et même de politique quand il s’agira notamment d’engager des guerres.

En étudiant attentivement nos textes, nous pouvons nous rendre compte que la justice ne doit pas être rendue à la légère, simplement sur la foi de preuves erronées ou extorquées, d’aveux non contrôlés. On aura toujours recours à des témoins directs. Leur témoignage sera obligatoirement soumis à un examen très sévère, excluant toute forme de subjectivité. Telle se veut la justice fixée selon les normes indiquées par la Torah.

Le roi, dont il est question dans notre sidra, représente le pouvoir politique. Il conduit la guerre en cas de nécessité. De nos jours, il est symboliquement représenté par le Président de l’Etat d’Israël, le pouvoir effectif étant entre les mains du Premier Ministre et du gouvernement. Le roi sera donc l’un des chefs, sans être le seul chef. Tout comme ses sujets, lui-aussi devra être soumis à la loi juive, écrite ou orale. Nous voyons là, qu’à part les honneurs liés à sa charge, le roi ne peut bénéficier d’aucun privilège particulier. Il a pour obligation principale de donner l’exemple. Il ne sera donc pas autorisé à exercer un pouvoir absolu et despotique et encore moins tyrannique. Le train de vie dû à son rang sera également limité, notamment pour ce qui est du nombre de chevaux mis à sa disposition.

Quant au prêtre, à l’époque du Temple, il ne sera qu’occasionnellement le sacrificateur, sa principale fonction consistant à enseigner. De nos jours, le CHO’HET est généralement appelé sacrificateur, par usage conventionnel. Il lui arrive d’enseigner, de pratiquer des circoncisions et même de diriger des offices, sans qu’il soit nécessairement un prêtre, un COHEN comme c’était le cas à l’époque biblique.

En fait, le COHEN ne dépendra pas d’un groupe en particulier. Il sera au service de toute la collectivité religieuse. Ainsi, les différentes fonctions envisagées par le législateur divin montrent à quel degré chaque question relative à l’une d’entre elles mérite d’être soigneusement étudiée et examinée. S’y conformer est incontestablement une garantie de la solidité des structures de la communauté pour assurer ainsi la stabiblité morale et matérielle de l’ensemble.

HAPHTARA :

D’entrée de jeu, le verset 12 par lequel débute notre texte, nous rappelle que nous sommes dans cette période de consolation qui va de la célébration du 9 AB à celle de ROCH-HACHANA.

Ce verset nous dit : « C’est moi, c’est moi qui vous console ! Qui es-tu pour craindre l’homme mortel et le fils de l’homme voué au sort de l’herbe ? »

Par cette affirmation et cette interpellation, D.ieu tient à nous faire savoir qu’Il n’a rien changé quant à ses résolutions à notre égard. C’est ISRAEL qui a changé, sans doute en raison des peuples puissants dont il avait à subir les persécutions.

Lors de la sortie d’Egypte, ISRAEL ne se montrait pourtant pas épouvanté ni inquiet. Sa confiance en D.ieu était alors totale, ce qui n’a pas été le cas par la suite, selon le commentaire de MALBIM.

RACHI de son côté, nous apprend que « nous, fils de JUSTES (TSADIKIM), dont les mérites furent grands, n’avons aucune raison de redouter la fureur des hommes, car ils seront appelés un jour à disparaître. Malgré leur force apparente, ils sont en réalité faibles.

Plus loin dans notre texte, nous lisons au verset 16 : « J’ai déposé mes paroles dans ta bouche, et je t’ai abrité à l’ombre de ma main, voulant établir de (nouveaux) cieux et réédifier la terre, et dire à SION : Tu es mon peuple ».

Assez curieusement, la première partie de notre verset vient nous indiquer qu’en raison du message sacré qu’ISRAEL est chargé de faire connaître à tout l’Univers, il en résultera inévitablement une haine et une violence contre lui. Nous ne le savons que trop, malheureusement. Malgré tout, ISRAEL est invité à accepter l’idée selon laquelle il doit se sentir assuré de la protection divine, car, même si son salut risque d’être aussi long et difficile à réaliser que lors de la création du ciel et de la terre, la promesse de D.ieu finira un jour ou l’autre par s’accomplir.

« Pour établir de nouveaux cieux et réédifier la terre », sont les termes de la doctrine du Judaïsme. C’est bien tout un programme. En général, les hommes ont tendance à opposer le ciel et la terre, le divin et l’humain, le spirituel et le temporel, alors que pour nous, tout est conciliable, rien n’est incompatible. Les lois contenues dans la Torah et confirmées par nos prophètes ont pour objet de nous inviter à préparer ici-bas le royaume des cieux. Notre existence terrestre n’est pas synonyme de refus des biens matériels que D.ieu a mis à notre disposition à condition de savoir en tirer le meilleur usage possible. Car le but essentiel de notre existence sur terre est de rapprocher le monde à la cause de D.ieu, pour qu’un plus grand nombre d’êtres humains, toutes opinions confondues, finissent par Le reconnaître comme étant le Suprême Souverain.

C’est donc dans ce sens qu’il convient de comprendre ce passage d’ISAIE, XXV, 3, disant : « C’est pourquoi, des peuples forts Te révèrent, les cités de nations puissantes te craignent. » De quelle force s’agit-il ? C’est celle que peuvent nous donner les MITZWOTH, pour amener d’autres hommes que nous, à suivre le chemin de D.ieu. Osons le dire : La fidélité aux commandements divins aura un jour pour résultat d’inspirer le respect aux nations qui, en raison de leur force, n’ont cependant pas hésité, tout au long de l’Histoire, à s’en prendre à nous, uniquement à cause de ce que nous représentions. Envers et contre tout, il nous faut attendre avec confiance la fin de tous nos malheurs comme nous le laissent espérer les prophètes d’Israël.



Alain Goldmann
Grand Rabbin




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