Chronique publiée dans L'Arche n° 508 de JUIN 2000

LES JUIFS DANS LES TIMBRES

Qu'on ne s'y trompe pas : ce qui nous paraît futile ou manquant de profondeur, à nous autres Européens raffinés nourris dès le berceau aux valeurs sûres des humanités classiques, c'est pour l'Américain moyen de la vraie culture, de la vraie musique, de la vraie littérature, et les douze timbres que je vous propose ici, émis par les États-Unis le 16 septembre 1999, ne dérogent pas à la règle. Cet hommage philatélique rendu à ses compositeurs par un pays qui, si l'on en croit les sondages, classe Le Seigneur des anneaux comme " livre le plus important de tous les temps " et Elvis Presley comme " plus grand musicien du millénaire ", nous donnera l'occasion de réviser nos classiques, histoire de les mettre au diapason de la toute-puissante production U.S.

Si j'ai tenu à vous présenter tous ces personnages, ce n'est pas seulement pour économiser du texte, c'est aussi parce qu'il y a un grand jeu à la clé, comme vous verrez tout à l'heure.

La première série de timbres est consacrée à la musique de film, avec six auteurs parmi les plus prolifiques qu'ait connus l'industrie hollywoodienne. Stravinsky estimait que " e seul intérêt de la musique de film est de nourrir son compositeur ", mais ces six-là utilisèrent les moyens énormes mis à leur disposition pour créer un style vraiment particulier, et doter des films comme Autant en emporte le vent, Le Train sifflera trois fois ou Les Temps modernes de thèmes musicaux à succès qui ont puissamment contribué à les populariser.

La seconde série est dédiée à la comédie musicale, produit typiquement new-yorkais et melting-pot d'influences diverses où se mêlent les romances de l'opérette viennoise, le jazz et le swing. Si on a tous en tête les standards de Porgy & Bess, de My Fair Lady ou de Blue Moon, il reste à (re) découvrir une foule d'autres comédies musicales à paillettes, de celles qui pendant trente ans firent les beaux jours de Broadway et qui restent un " must " pour provinciaux et touristes.

Mais je vois que vous brûlez de découvrir le grand jeu

tant attendu. C'est très simple : voici quinze personnages, cherchez l'intrus.

o CLAUDE WAINSTAIN