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Qu'ils
viennent de Tunisie ou du Maroc, les Adida et Hadida portent un
patronyme d'origine arabe qui signifie morceau ou barre de fer.
On pourrait donc croire que les ancêtres de nos Adida étaient du
genre forgeron. Mais le sens figuré est plus souvent retenu : les
Adida auraient eu des aïeuls du genre dur à cuire, à la volonté
que rien ne pouvait briser. Pour d'autres, cette appellation est
plutôt une simple traduction " mot à mot " du nom hébraïque Barzilaï,
présent à plusieurs reprises dans la Bible. Cette appellation existe
aussi au Maroc en version catalane, et se dit alors Fierro. C'est
en Espagne que le premier Hadida connu est mentionné (en compagnie
de son frère) dans un document officiel. Il s'agit de Don Yucef
Hadida, cité dans un document de concession de propriétés rurales
établi à Séville en 1253. Toujours dans la péninsule ibérique, Joçe
Adida de Huesca est l'un des notables réunis à Saragosse en 1440,
qui s'engagent à prêter une somme rondelette à la veuve du seigneur
du cru. Un autre, Isaque Hadida, de Tolède, figure comme témoin
à un procès intenté par l'Inquisition en 1486. Son frère, Mose,
sera, lui aussi, appelé à témoigner l'année suivante dans un procès
similaire. Côté célébrités : Avraham Hadida est un rabbin espagnol
du XVe siècle, auteur de commentaires sur la Haggadah de Pessah
et sur les livres d'Esther et de l'Ecclésiaste. Au XVIIe siècle,
Réouven Hadida est grand rabbin de Nicopolis, en Bulgarie. On retrouve
de nombreux rabbins portant le même patronyme, tant à Tétouan qu'à
Tanger, à partir de cette même époque, tel Yehouda Hadida, de Tanger,
qui fut emprisonné par le gouverneur de la ville en 1744. Bien plus
près de nous, Guimol Hadida, assistante sociale à Tanger, s'occupe,
par le biais de Olam Katane, une société de bienfaisance créée dans
ce but, des Juifs européens fuyant le nazisme. Mentionnons enfin
les frères Hadida, qui publièrent à Casablanca, entre les deux guerres,
le seul journal écrit en judéo-arabe. |
CATHERINE GARSON |