Racines : l'origine des noms juifs

par Catherine Garson

L'Arche N° 483/avril 1998


 London, l'érudit

Qui sont donc les London et compagnie qui ont peuplé l'Europe de l'Est ? Arrêtons-nous d'abord sur ladite compagnie, qui se décline en moult versions : Landon, Londan, Londoner, Londonskij, voire même Lendonskij, plutôt du côté russe, auxquels il faut ajouter les Londner, Landner ou Londyski, polonais ceux-là.

Pour certains, ce patronyme n'aurait rien à voir avec la capitale de la perfide Albion et serait un dérivé du mot hébraïque lamdan qui signifie "érudit". En Torah, s'entend. Pour d'autres, l'origine est bien anglaise. Certes, les citoyens juifs de sa Gracieuse Majesté ne se bousculaient pas dans l'Europe de l'Est de nos ancêtres. Il n'empêche que certains y sont quand même venus et ont fait souche.

 

Prenons, par exemple, le rabbin Yaacov ben Moshé Yehouda London, né un jour avant le début du XVIIIème siècle, en Allemagne selon les uns, à Londres selon les autres.

Quoi qu'il en soit, c'est dans cette dernière cité, où son père est chantre, que le jeune Yaacov passe son enfance. A la mort de son géniteur, il part s'installer à Francfort pour y faire ses études dans une yéshiva. Après le grand incendie du quartier juif de la cité en 1711, il va vivre à Lezno en Pologne (où il dirige une école), puis à Prague avant de revenir à Lezno en 1728. Auteur d'une oeuvre allégorique décrivant le combat du bon et du mauvais penchant, il est parti ensuite en Italie où il a publié des oeuvres d'auteurs rabbiniques. C'est là, dans le Piémont, qu'il a été soupçonné d'être un espion… à cause des manuscrits hébraïques qu'il transportait.

 

Avant lui, un autre London síétait illustré en Europe de l'Est. Dénommé Shlomo Zalman ben Moshé Raphaël, il était né à Nowogrudok, en Lituanie, en 1661, et était surtout connu pour son ouvrage Kohelet Shlomo, un recueil de prières et de bénédictions accompagnées díinstructions et de lois rituelles, le tout écrit en hébreu et en yiddish. Cette oeuvre eut un immense succès et fut republiée de nombreuses fois. Au XXème siècle, l'une des éditions (en 1919) devait remplacer le yiddish par l'allemand.

Bien sûr, au rang des London célèbres, il faut ajouter Artur London, l'auteur de L'Aveu, qui fut un temps vice-ministre des affaires étrangères de la Tchécoslovaquie socialiste, après avoir été membre des Brigades internationales, résistant en France et déporté à Buchenwald.

Et puisque l'on est en France, une dernière précision ; les Paris, Parizh, Parizher, Parich, Paricher… n'ont rien à voir avec notre capitale. Leur nom les désigne, en effet, comme des originaires de Parizh en Lituanie ou de Parichi en Bielorussie.

 

 

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