Les atouts de l'économie israélienne

Extrait du dossier paru dans l'Arche n· 474/juin 1997

Une croissance remarquable mais des déséquilibres persistants. Par Jacques Tarnov.

L'histoire de l'économie israélienne peut se diviser, grosso modo, en deux parties. Durant le premier quart de siècle de l'existence de l'Etat (1948-1973), la croissance se poursuivit à un taux annuel moyen de 10%. Si l'on ne retient que le produit intérieur brut (PIB) par tête, pour neutraliser l'effet de l'expansion démographique, on obtient un taux de 5% : c'est un résultat remarquable, pratiquement sans égal au monde. Depuis 1973, l'élan s'est naturellement ralenti, mais la croissance moyenne du PIB demeure de l'ordre de 5%, soit plus de 2% pour le PIB par tête. Il n'est guère de pays au monde qui ne se satisferait d'un tel rythme de développement.

De ce fait, Israël a aujourdhui un PIB de l'ordre de 100 milliards de dollars pour une population de 5,8 millions d'habitants, soit environ 17 000 dollars par tête. Cela place l'Etat juif parmi la vingtaine des pays les plus développés au monde, quelque part entre le niveau de l'Espagne et celui de la France. Remarquable résultat pour ce qui n'était encore, il y a un demi-siècle, qu'une petite colonie sous mandat britannique - pratiquement dénuée de ressources naturelles, et dotée d'une infrastructure industrielle à peine digne de ce nom.

Mais cette croissance s'est accompagnée d'un déséquilibre persistant de la balance des paiements. Les « transferts unilatéraux » - en provenance des communautés juives, ou du gouvernement des Etats-Unis, ou de l'Allemagne au titre des réparations aux victimes du nazisme - ne suffisent pas à combler ce déséquilibre, loin de là. La dette extérieure de l'Etat d'Israël ne cesse donc d'augmenter, engendrant des échéances qui grèveront à leur tour les balances des paiements des années à venir.

1997, année difficile

L'économie israélienne semble traverser en ce moment une zone de turbulences. Les années 1994 et 1995 avaient été marquées par une forte relance, la croissance du PIB atteignant respectivement 6,5% (4,0% par tête) et 7,1% (4,4% par tête); mais en 1996 le taux de croissance est redescendu à 3,8% (1,4% par tête), et en 1997 il devrait être de l'ordre de 3,6% (1,3% par tête).

La stricte discipline budgétaire imposée cette année - destinée à ramener le déficit gouvernemental à 3% du PIB et à ramener le niveau de l'inflation au-dessous de 10% - signifie que les taux d'intérêt sur le marché local demeureront relativement élevés, et que l'activité économique sera modérée. Le taux de chômage, de 6,6% en moyenne au cours de l'année 1996, atteindra sans doute les 7% pour 1997.

Le déficit de la balance commerciale (excès des importations sur les exportations) était en 1996 de 12,5 milliards de dollars, dont 1,5 milliards résultaient des importations directes pour la défense nationale. Pour 1997, on estime que les chiffres seront du même ordre. Ce déficit est couvert en partie par des transferts unilatéraux, privés ou publics, représentant environ 7 milliards de dollars. Le déficit courant en 1996 et 1997 est donc de l'ordre de 5,5 milliards de dollars par an. L'endettement croît en conséquence: fin 1996, la dette extérieure nette a atteint 21 milliards de dollars, et elle devrait atteindre 24 milliards fin 1997.

C'est dire que, dans le proche avenir, Israël devra mobiliser tous ses atouts, grâce auxquels ses exportations ont fait des progrès importants au cours des années récentes..