Extrait d'un dossier publié dans L'Arche n°513, novembre 2000

Israël, éternel coupable ?

Qui a tué la petite Sarah ?


Le numéro de Paris-Match paru début octobre porte en couverture la photo d'une petite fille à la tête bandée. Le titre : " Israël-Palestine. La guerre qui tue les enfants " . En couverture toujours, la photo est ainsi présentée : " Elle s'appelait Sarah. Elle avait 2 ans… Lundi, 15 heures, l'adieu d'une mère palestinienne à sa fille martyre tuée dimanche près de Naplouse. " En pages intérieures, une autre photo est accompagnée du commentaire suivant : " Ses parents la ramenaient de l'hôpital. Ils pensent qu'ils ont été pris pour cible par un colon juif. "


L'événement est daté du dimanche 1er octobre, l'enterrement du lundi 2 octobre. Or le 4 octobre se tenaient à Paris les négociations israélo-palestiniennes, avec la médiation de Mme Albright. Au cours des premières conversations, les Palestiniens présentèrent cette affaire comme preuve des " atrocités " commises par Israël contre la population civile. Les Israéliens s'engagèrent aussitôt à vérifier les faits.

Les représentants de Tsahal s'adressèrent à l'hôpital où la petite fille était morte. Selon la procédure en vigueur en cas de mort violente, ils proposèrent d'effectuer une autopsie - soit par un médecin israélien, soit par un médecin palestinien, soit par un expert venu de l'étranger et agréé par les deux parties. La famille s'y opposa. Tsahal demanda alors, puisque l'enfant avait été touchée quand elle était en voiture, à étudier le véhicule afin de vérifier les projectiles et les points d'impact. La famille s'y opposa également.

Sur ce, une information parvint en provenance de l'hôpital : la petite avait été tuée par des balles de Kalachnikov (arme utilisée par les Palestiniens). Une enquête fut alors effectuée auprès de la police palestinienne, avec la participation d'un des experts américains qui suivent les relations israélo-palestiniennes. La réponse obtenue fut la suivante : le père de la petite fille est un membre des Tanzim (milice liée au Fatah de Yasser Arafat), et la mort résulte d'une balle qu'il a tirée par accident en manipulant son arme de service. Cette information fut relayée aux délégations présentes à Paris ; les représentants palestiniens ne la démentirent pas.

PRUDENCE La rédaction de Paris-Match ne pouvait sans doute pas savoir tout cela. Mais elle pouvait vérifier les informations avant de publier la photo ; elle ne l'a pas fait. Le directeur, Alain Genestar, faisait montre de prudence dans son éditorial, précisant que " les enquêtes diront quelle est la nationalité des balles " . Cependant, l'image de la petite fille morte a été affichée sur tous les murs de France, et qui a douté un instant qu'Israël était responsable de sa mort ?
J. T.

 

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