Extrait d'un dossier publié dans L'Arche n°513, novembre 2000

Israël, éternel coupable ?

Ce qui s'est vraiment passé à Netsarim

 

Toute la France a suivi la mort du petit Mohamed,
12 ans, pris avec son père dans une fusillade au carrefour de Netsarim, dans la bande de Gaza. C'était le 30 septembre, et la scène avait été filmée par un cameraman de France 2. La séquence fut diffusée de nombreuses fois, et les photos de l'événement furent largement reproduites dans la presse. Le sens était clair : les soldats israéliens avaient tué un enfant de sang-froid. L'effroi du petit garçon, le geste du père qui tentait de le protéger, rendaient la scène d'autant plus poignante.


Le cameraman se trouvait en face du père et de son fils. Les téléspectateurs comme les lecteurs des journaux étaient naturellement persuadés que les soldats israéliens avaient le même point de vue que le cameraman. Comment pouvaient-ils supposer autre chose ? Élevés dans le culte de l'image, ils se plaçaient spontanément là où se trouvait l'objectif de la caméra.

Mais voici ce qu'on ne vous pas montré. Il s'agit d'une photo aérienne du carrefour de Netsarim, prise par l'armée israélienne. On voit, en bas à droite, la position de Tsahal. Cette position est attaquée par des tirs venant de toutes parts (ce sont les flèches en rouge). Certains tirs proviennent du voisinage immédiat. D'autres tirs proviennent de l'autre côté du carrefour routier : c'est là que le père et son fils se cachent, entre un muret et une poubelle, juste entre deux points d'où partent les tirs palestiniens. Près de cent mètres séparent cette zone du poste israélien. Les soldats assiégés ripostent en suivant un angle très fermé (flèches bleues). Ils ne peuvent pas voir, à cette distance et sous cet angle, ce qui se passe au niveau du muret, d'autant que les tirs ennemis rendent la visibilité encore plus problématique.

Tout cela explique que les responsables de Tsahal aient d'abord douté que le petit garçon et son père aient été victimes de balles israéliennes. Après avoir étudié la photo, ils sont parvenus à la conclusion qu'il était matériellement possible que tel ait été le cas. En tout état de cause, il est évident que les soldats israéliens ne pouvaient identifier les deux silhouettes cachées entre le muret et la poubelle. Or le film diffusé par France 2, et les photos issues de ce film, font croire le contraire. Un accident tragique, dont les circonstances n'ont pas encore été exactement éclaircies, est ainsi devenu dans l'opinion publique la " preuve " du caractère criminel de l'armée israélienne.

MALHONNÊTE
Le cameraman n'est pas en cause : il a fait son métier dans des conditions périlleuses, et le document qu'il a obtenu devait être diffusé. Mais les rédactions qui ont utilisé ce document - ainsi que les commentateurs qui l'ont décrit, et les dessinateurs qui s'en sont inspirés - ont failli à leur devoir. Il est déontologiquement inacceptable, et intellectuellement malhonnête, de produire une telle image sans en expliquer la signification et sans la situer dans son contexte. Le goût du sensationnel ne justifie pas tout.
J.V.

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