Une minorité n'accepte cependant pas cette version car, argumentent-ils logiquement, si telle était l'explication, le même patronyme devrait se retrouver chez les musulmans puisque, eux aussi, peuvent se nommer Yacoub. Or tel n'est pas le cas.

Quoiqu'il en soit, ce nom de famille se retrouve tant en Algérie qu'au Maroc. Présenté dans sa version " brute ", il peut prendre la forme de Ackenine, Aknin voire Cohen-Aknine. Mais, le plus souvent, il est précédé de l'indice de filiation berbère : les " fils du petit Jacob " s'appellent alors Ouaknine, Ohknine, Waknin. Nous avons généralement affaire à des Juifs marocains dont c'est l'un des noms les plus courants (surtout dans le sud du pays).

Abordons maintenant le registre des célébrités. La première, et certainement la plus connue, est Yossef Aknine, rabbin, médecin et philosophe, né à Ceuta dans la seconde moitié du XIIe siècle, qui fut un des proches disciples de Maïmonide. Suite aux persécutions en Afrique du nord, il partit vivre en Egypte où il étudia avec son maître dans la ville de Fostat. Maïmonide lui dédia son célèbre Guide des Egarés. Yossef Aknine se rendit ensuite à Alep, en Syrie, où il s'établit comme médecin. Il est aussi l'auteur de trois traités philosophiques.

Cap sur le Maroc où s'illustrèrent divers Ouaknin, tels Messod Ouaknin, rabbin à Fès au XVIIIe siècle, Yaacov Ouaknin, rabbin à Demnat au même siècle, ou David Ouaknin, mort en 1873, qui fut grand rabbin de Casablanca. De l'autre côté des flots, David Yaakov Waknine (mort en 1897), originaire de Marrakech, était rabbin à Tibériade. Il est l'auteur de responsa connus sous le titre VaYedaber David. o Catherine Garson