Extrait d'un article publié dans L'Arche N° 497/Juillet


Après le Festival de Cannes :
encore des films à thème juif

Gitaï, le plus atypique des réalisateurs israéliens mais aussi le plus connu à l'étranger, n'était pas le seul cinéaste tel-avivien à se retrouver à l'affiche. Moins médiatisé, bien qu'il fasse partie de la sélection officielle dans le cadre de la Cinéfondation pour les films de fin d'études, Dov Koshavski a obtenu le deuxième prix pour son film Im houkim, un court métrage de 34 mn avec l'excellent Alon Aboutboul. Un prix qui lui assure un suivi du Festival pour ses futures réalisations. On le reverra probablement l'an prochain à Cannes, puisqu'il s'apprête à tourner au mois de juin 1999 son premier long métrage qui sera sélectionné d'office selon les règlements de la Cinéfondation. Avec sobriété et finesse, et une grande sympathie pour ses personnages, Im houkim décrit la vie d'une famille immigrée de Georgie, dont l'un des jeunes enfants est amené à voler ses parents pour s'acheter des gravures de collection afin de ressembler à ses camarades sabras.

Signe des difficultés financières du cinéma israélien de ces dernières années, aucun film parlant hébreu n'était prévu pour une quelconque projection dans les petites salles du Marché, en marge du Festival. Dans le stand israélien, aucun nouveau film n'était présenté mais seulement des cassettes et des prospectus de films faisant partie d'anciens stocks que l'on pouvait visionner sur place : Max et Moris (1995), une comédie burlesque de Jacob Goldwasser, avec Moshé Ivgi ; The Flying Camel (1996) de Rami Naaman, sur la cohabitation judéo-arabe à Yaffo, avec Gidéon Singer et Salim Dau ; The Heritage (1995) de Amnon Rubinstein, un mélodrame sur la transmission de valeurs ancestrales sépharades, avec Avi Toledano et Yaël Abécassis ; Afula Express de July Slesh, meilleur film de l'année 1997, et Everlasting Joy (1997) ou Les Aventures de B. Spinoza à Ramat-Gan, une des comédies israéliennes les plus réussies de ces dix dernières années.

Sous la bannière du cinéma indépendant, Amos Kollek présentait son dernier film, Fiona (sortie prévue à la rentrée de septembre), sur une prostituée new-yorkaise qui se réfugie dans une fumerie de crack après avoir tué trois officiers de police. Une œuvre qui reste dans la même veine d'inspiration et de production que son précédent film, Sue perdue à Manhattan.

Mis à part les trois films cités ici même le mois dernier : Kadosh, Voyages (à travers la Pologne, la France et Israël, trois femmes doivent assumer leur passé), La Genèse (la Bible actualisée en Afrique), plusieurs films dans différentes sélections et au Marché traitaient de la thématique juive.

Les Allemands s'intéressent aux histoires juives les plus particulières : après Aimée et Jaguar de Max Fakberbock (une dangereuse histoire d'amour en 1943, entre une Juive et l'épouse d'un nazi), ils proposent The Einstein of Sex, un film de Rosa von Praunheim sur la vie et l'œuvre du Dr. Magnus Hirschfeld, fameux sexologue qui fonda le premier groupe gay en 1897 et dirigea un Institut de sexologie de 1920 à l'arrivée des nazis, ainsi que Kurt Gerrons Karussel, un film de Iloa Ziok, une co-production avec la Hollande sur la réhabilitation du très controversé Kurt Gerron, artiste, musicien, comédien (dans plus de 70 films, dont L'Ange bleu) et réalisateur de théâtre et de cinéma. Interné à Theresienstadt en 1943, Gerron y fonda le cabaret Karussel. En échange de la vie sauve, on lui ordonna de filmer le film de propagande nazie sur Theresienstadt, Der Führer schenkt den Juden eine Stadt. Mais en 1944 il fut gazé à Auschwitz. o Gad Abittan

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