Extrait d’un article paru dans L’Arche N° 493
Israël : Le journal des élections

En période pré-électorale, il n’est pratiquement rien qui ne soit lié aux élections. La religion, l’éducation et même la défense nationale donnent lieu à des affrontements partisans. Ce n’est pas seulement un affrontement classique entre la gauche d’Ehoud Barak et la droite de Binyamin Netanyahou : outre la nouvelle mouvance « centriste » (représentée désormais par Amnon Lipkin-Shahak, Dan Méridor et… Itzhak Mordehaï), une nuée de partis interviennent au jour le jour dans le débat politique, tentant de se placer dans la perspective des élections législatives du 17 mai et de faire jouer leur influence sur les électeurs quant au choix du premier ministre. Ajoutons à cela l’agitation entretenue par les hommes politiques de tous bords, cherchant à améliorer leur classement dans la liste de leur parti pour les législatives, voire à monnayer par avance des portefeuilles ministériels en cas de victoire. Dans ce brouhaha incessant, la période que nous relatons ici a vu les choses se clarifier sur deux points. D’abord, la candidature tardive d’Itzhak Mordehaï, qui a modifié la donne au sein du courant centriste, puis les élections primaires au sein des principaux partis, qui ont mis (provisoirement ?) fin à quelques guerres fratricides. • Jacques Tarnov

 

17 janvier.
On apprend que les appartements de six personnes, travaillant toutes à la campagne électorale du président du parti travailliste Ehoud Barak, ont fait l’objet d’effractions au cours de la semaine dernière.
18 janvier.
Le président Clinton a adressé un message très chaleureux au ministre de la défense Itzhak Mordehaï, soulignant la confiance que les Etats-Unis ont en lui pour faire avancer le processus de paix. Le bureau de Binyamin Netanyahou accuse le président Clinton de s’immiscer dans la campagne électorale israélienne, en présentant Mordehaï comme étant le seul ministre favorable à la paix.
18 janvier.
Dan Méridor, ancien dirigeant du Likoud devenu candidat centriste contre Netanyahou, visite l’implantation de Bet El. Il déclare : « Nous devons accepter le fait que le rêve d’un Grand Israël sous souveraineté israélienne, allant de la mer au Jourdain, n’est plus de ce monde. (…) Je suis très inquiet de constater que des gens ici refusent de voir la réalité. »
19 janvier.
On découvre un cambriolage – le deuxième en quelques jours – chez les consultants américains de Ehoud Barak. Des documents relatifs à la campagne du dirigeant travailliste ont été dérobés. Le premier ministre Binyamin Netanyahou dénonce « une provocation », et déclare que toute personne responsable de cet acte doit aller en prison. Ehoud Barak se refuse à accuser qui que ce soit mais déclare que « quelqu’un, quelque part, doit être dans un état de réelle panique ».
20 janvier.
L’ancien chef d’état-major adjoint de Tsahal, Matan Vilnaï, annonce qu’il adhère au parti travailliste.
20 janvier.
Le président de la centrale syndicale Histadrout, Amir Peretz, annonce la création d’un « parti des travailleurs ».
20 janvier.
Création d’un « parti des femmes » intitulé Yesh (jeu de mots sur les initiales de « représentation égale », signifiant : « il y a », ou encore « on y va »). Yesh a l’intention de présenter des candidates à la Knesset.
20 janvier.
Deux députés du « parti russe » dirigé par Nathan Sharansky, Israël Baalyah, quittent le parti. On s’attend à ce que ce les députés Youri Stern et Michaël Nudelman rejoignent le nouveau « parti russe », Israël Beiténou, dirigé par Avigdor Lieberman.
21 janvier.
Les rumeurs se multiplient selon lesquelles le ministre de la défense, Itzhak Mordehaï, se prépare à quitter le Likoud pour rejoindre les rangs centristes.
21 janvier.
Le parti religieux modéré Meimad annonce qu’il présentera des candidats à la Knesset. Le principal dirigeant de Meimad est le rabbin Yehouda Amital ; parmi ses membres on compte l’ancien ministre Yehouda Ben Meïr, le professeur Avi Ravitsky et le rabbin Michaël Melchior.
22 janvier.
Le Parti national religieux, qui tient sa Convention nationale, n’a toujours pas décidé officiellement qui il soutiendra lors de l’élection du premier ministre.
22 janvier.
Sondage de l’Institut Gallup pour le quotidien Maariv. Au premier tour (cas n°1) : Netanyahou, 39% ; Barak, 35% : Shahak : 14% ; Begin, 6%. Toujours au premier tour (cas n°2) : Netanyahou, 37%, Barak, 37%, Méridor, 10%. Au second tour : Netanyahou, 47% : Barak, 46%. Autre cas de figure : Netanyahou, 44%, Shahak, 47% ; ou encore : Netanyahou, 46%; Méridor, 42%.
23 janvier.
Binyamin Netanyahou révoque le ministre de la défense, Itzhak Mordehaï, l’accusant d’être mû par des ambitions personnelles. En réponse, Mordehaï traite Netanyahou – qui, la veille encore, était son chef de parti – de « menteur » et de « politicien médiocre ». La rupture est consommée, et il est désormais certain que Itzhak Mordehaï sera candidat aux fonctions de premier ministre.
24 janvier.
Dramatique réunion du conseil des ministres. Itzhak Mordehaï, dont c’est le dernier jour en fonctions, porte une kippa et lit à haute voix le psaume 120 : « Eternel, délivre mon âme de la lèvre mensongère, de la langue trompeuse. (…) Trop longtemps mon âme a demeuré auprès de ceux qui haïssent la paix. Je suis pour la paix ; mais dès que je parle ils sont pour la guerre. » Netanyahou, pour sa part, déclare à la radio que Mordehaï « a organisé une conspiration pour renverser le gouvernement dont il était membre ».
25 janvier.
« Primaires » au sein du Likoud. Netanyahou l’emporte sur Moshé Arens avec plus de 80% des voix.
26 janvier.
Consensus parmi les leaders de la mouvance centriste. Itzhak Mordehaï sera le candidat du centre aux fonctions de premier ministre, et il dirigera la liste centriste pour les élections à la Knesset. Après lui viendront, dans l’ordre : Amnon Lipkin-Shahak, Dan Méridor et Roni Milo. Dans une conférence de presse commune, les quatre dirigeants centristes s’en prennent vivement à Binyamin Netanyahou : l’ancien ministre (Likoud) Dan Méridor parle de « mensonges, cynisme et manipulations », et l’ancien maire (Likoud) de Tel-Aviv, Roni Milo, déclare que Netanyahou a trahi l’héritage de Jabotinsky et de Begin. Binyamin Netanyahou répond que les quatre candidats centristes « sont mus par la déception personnelle, la frustration personnelle et l’ambition personnelle ».
26 janvier.
Les Juifs éthiopiens Shlomo Moula et Avi Bitaw font acte de candidature au sein de Israël Baalyah, le parti « russe » dirigé par le ministre de l’industrie Nathan Sharansky. Tous deux sont employés au ministère de l’intégration, dont le ministre est Youli Edelstein, lui aussi dirigeant de Israël Baalyah.
contraire à la liberté d’opinion.…