Racines : l’origine des noms juifs
Des Baron authentiques

Mais d’où vient donc le patronyme Baron ? Serions-nous, comme le pensent certains, face à des descendants d’un Aharon dont le nom ne serait autre que la contraction des mots « Bar » (fils de) et « Aharon » ? Du coup, les Baron seraient des cohanim, à savoir des membres de la classe sacerdotale.
D’autres spécialistes privilégient des ancêtres bien différents. Pour eux, l’appellation Baron, qui n’est qu’une des variantes du nom « Barn » (comme Baran, Beron, Boran ou Bron dans l’Empire russe ou comme Baran, Biron, Bronov, Byron ou Bezron en Pologne), serait, tout simplement, constituée des premières lettres de Ben Rabbi Nahman (fils de rabbi Nahman) ou Nathan ou Nissim (selon les cas).
Pour ce qui est de la géographie, cette appellation de Baron, qui fleure bon l’Europe de l’Est, est souvent originaire de la région de Dvinsk (en Lettonie), de Minsk (en Biélorussie), de Ponevezh (en Lituanie), ainsi que de nombreuses villes de Pologne, telles que Varsovie, Lodz, Kalisz, Czestochowa, Konskie, Kalwaria…


A préciser, pour embrouiller un peu plus l’affaire, qu’à leur arrivée en Israël des Berhoun venus d’Algérie (d’Oranie, pour être précis) ont choisi de rendre leur patronyme plus ashkénaze en les transformant en Baron. Berhoun est dérivé, disons-le au passage, du nom d’une tribu locale appelée Berhoum.
Pour en revenir aux authentiques Baron, il existe plusieurs célébrités répondant à cette appellation. La plus connue de toutes est, sans conteste, l’historien Salo W. Baron, né à Tarnow en Galicie, qui émigra aux Etats-Unis en 1927 où il occupa de nombreuses fonctions, notamment à l’Université de Columbia. Son œuvre la plus remarquée est une monumentale Histoire religieuse et sociale des Juifs.
Autre personnage : l’auteur hébraïque Dvorah Baron, née en Biélorussie en 1887, qui fut la première, en 1934, à recevoir le Prix Bialik. Enfin, il faut mentionner Bernhardt Baron, né à Rostov-sur-le-Don en Russie et qui, après avoir émigré aux Etats-Unis et travaillé dans ce pays dans une usine de cigares, fonda sa propre entreprise de cigarettes à Baltimore en 1894. Deux ans plus tard, il transportait ses activités à Londres où peu à peu sa compagnie devint l’une des plus grandes du monde. Ayant, au fil des ans, accumulé une immense fortune, il fit don d’une grande partie de celle-ci à des œuvres charitables, tout particulièrement à des hôpitaux et maisons d’enfants. Il avait des goûts simples et refusa toute sa vie d’être anobli. Ce n’est qu’après sa mort (en 1929) que son fils devint « baronet ». • Catherine Garson