Le rock, dans sa version la plus dure (le « métal »),
est une musique sans concessions dans les paroles comme dans le son qui
véhicule parfaitement les angoisses, la révolte et les remises
en question dune certaine jeunesse israélienne.
Le public français, acquis à ce genre, sintéresse
depuis peu aux groupes israéliens et en particulier au meilleur dentre
eux, Orphaned Land, unanimement loué par la presse spécialisée
comme un mélange subtil et réussi de rock et de musique juive
orientale traditionnelle. Aujourdhui, tous les distributeurs français
de ce genre de musique (la vente se fait souvent par correspondance) ont
en stock une bonne dizaine de groupes israéliens.
Au départ de cette découverte du rock israélien, un
producteur français : Holy Records. Cest lui qui ouvre les
portes du marché hexagonal et européen à Orphaned Land,
dont les leaders habitent Bat-Yam et Petah-Tikva et ne vendent guère
que 700 disques en Israël même. Le premier CD, intitulé
El Norra Alila (1996), a séduit par une touche dorientalisme
dans un marché dominé par les productions américaines
ou scandinaves. Le groupe de Yossi Sassi et Kobi Fabri utilise, bien sûr,
des guitares, une basse et une batterie, mais aussi la darbouka, le qannun,
le dumbek et le oud. Autre raison de ce succès de curiosité
: alors que les groupes phares de la scène « Death Metal »
professent souvent des idées païennes, voire franchement satanistes,
Orphaned Land, lui, titre une de ses chansons Find yourself, discover God
et met en musique le Shir Hamaalot ou Shir Hashirim . Bref, sans être
forcément religieux, le groupe revendique fièrement sa culture
et son héritage. Et, visiblement, cela lui a ouvert des portes puisque
son prochain CD sortira sur le marché français en janvier
1999 chez Century Media, un gros label. Incontestablement, ce groupe talentueux
et original va percer sur le marché français.
Holy Records réserve aux rockers dautres surprises israéliennes
de qualité : dabord Salem, groupe de Givatayim dont le CD intitulé
Kaddish est un album-concept sur la Shoah, doù se dégage
tout le poids que constitue le génocide pour une partie de la jeunesse.
Ensuite Sita, un bon groupe de rock progressif basé à Nahariya,
et Onion-God, qui officie dans le même style mélodique.
Le plus troublant reste tout de même lengouement du public français
pour une variété bien particulière de rock israélien
: le « Black Metal », style né en Scandinavie qui ne
cache pas son orientation ouvertement sataniste. Et des satanistes, il en
existe de plus en plus en Israël, dont certains présentent leur
musique (proprement inaudible, dailleurs
) sur une compilation
intitulée Israheller dont on ne retiendra quun bon groupe de
hardcore, Betrayer (un nouveau CD arrivera cet été sur le
marché français). Jean-Yves Camus