Extrait d’un article paru dans
L’Arche n°487 de septembre 1998

La Culture d’Israël
Le Rock Métal israélien arrive

Le rock, dans sa version la plus dure (le « métal »), est une musique sans concessions dans les paroles comme dans le son qui véhicule parfaitement les angoisses, la révolte et les remises en question d’une certaine jeunesse israélienne.
Le public français, acquis à ce genre, s’intéresse depuis peu aux groupes israéliens et en particulier au meilleur d’entre eux, Orphaned Land, unanimement loué par la presse spécialisée comme un mélange subtil et réussi de rock et de musique juive orientale traditionnelle. Aujourd’hui, tous les distributeurs français de ce genre de musique (la vente se fait souvent par correspondance) ont en stock une bonne dizaine de groupes israéliens.
Au départ de cette découverte du rock israélien, un producteur français : Holy Records. C’est lui qui ouvre les portes du marché hexagonal et européen à Orphaned Land, dont les leaders habitent Bat-Yam et Petah-Tikva et ne vendent guère que 700 disques en Israël même. Le premier CD, intitulé El Norra Alila (1996), a séduit par une touche d’orientalisme dans un marché dominé par les productions américaines ou scandinaves. Le groupe de Yossi Sassi et Kobi Fabri utilise, bien sûr, des guitares, une basse et une batterie, mais aussi la darbouka, le qannun, le dumbek et le oud. Autre raison de ce succès de curiosité : alors que les groupes phares de la scène « Death Metal » professent souvent des idées païennes, voire franchement satanistes, Orphaned Land, lui, titre une de ses chansons Find yourself, discover God et met en musique le Shir Hamaalot ou Shir Hashirim . Bref, sans être forcément religieux, le groupe revendique fièrement sa culture et son héritage. Et, visiblement, cela lui a ouvert des portes puisque son prochain CD sortira sur le marché français en janvier 1999 chez Century Media, un gros label. Incontestablement, ce groupe talentueux et original va percer sur le marché français.
Holy Records réserve aux rockers d’autres surprises israéliennes de qualité : d’abord Salem, groupe de Givatayim dont le CD intitulé Kaddish est un album-concept sur la Shoah, d’où se dégage tout le poids que constitue le génocide pour une partie de la jeunesse. Ensuite Sita, un bon groupe de rock progressif basé à Nahariya, et Onion-God, qui officie dans le même style mélodique.
Le plus troublant reste tout de même l’engouement du public français pour une variété bien particulière de rock israélien : le « Black Metal », style né en Scandinavie qui ne cache pas son orientation ouvertement sataniste. Et des satanistes, il en existe de plus en plus en Israël, dont certains présentent leur musique (proprement inaudible, d’ailleurs…) sur une compilation intitulée Israheller dont on ne retiendra qu’un bon groupe de hardcore, Betrayer (un nouveau CD arrivera cet été sur le marché français). • Jean-Yves Camus



Retour